EUCH TRO AUX BOCHES

 

Samedi 14 mars 1958, c’est jour de fête à Denain, dans la famille BARRIEUX. En effet, le cadet Irénée se marie avec Annette. Un très beau mariage et plein d’avenir. Irénée travaille à Usinor, il gagne bien sa vie et ils ont trouvé une charmante maison que le propriétaire Monsieur DELOURCHE  leur loue en attente de la leur vendre s’ils en sont intéressés. Celle-ci se situe à la sortie du village voisin, Douchy les Mines, un peu à l’écart du village. Seule en bordure de route, entourée de pâtures et de champs. Monsieur DELOURCHE est un notaire qui possède son étude à Denain et s’est fait construit cette maison de campagne avant le début de la guerre. Sa fille unique reprendrait certainement l’étude et il désirait goûter au bonheur de la campagne avant sa retraite.

Irénée et Annette avait emménagé et goûtait à ce même plaisir. En plus, Annette connaissait bien la vie rurale, ses parents tenaient une petite ferme dans le village voisin. Annette avait donc normalement aménagé l’extérieur en une petite fermette. Une partie de l’appentis dans le fond du jardin s’est transformé en étable pour les deux cochons qu’ils élevaient chaque année ; il se trouvait prolongé de chaque coté, à droite par un poulailler avec poules, canards, oies et sur la gauche par des clapiers à

 

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hommes en blanc s’attelèrent à récupérer les os quelque peu dispersés par le soulèvement de la terre du au godet de la grue.

La grande aventure commença alors. Les squelettes furent placés sur une grande table dans la salle de la mairie, les vêtements en piteux état et les breloques récupérées sur les corps donnèrent une première piste aux enquêteurs. Une jeune femme, cela ne faisait aucun doute et deux corps de soldats allemands. L’enquête ne sera pas simple, car il faut dès lors informer les autorités allemandes afin qu’elles puisent reconnaître les corps et les noms d’après les indices recueillis sur eux et déterminer ce qu’ils pouvaient bien faire là. Puis la jeune femme : Qui donc puise-t-elle bien être ?

 

Le commissaire Jean SEKEKCHOZ fut dépêché sur les lieux. L’affaire semble être vieille de plus de soixante années à peu de chose prés. Il va falloir faire des recherches approfondies dans le passé. Dès son arrivée à l’hôtel de Ville de Douchy les Mines, il rencontra le maire et son adjoint ainsi que le Capitaine de Gendarmerie afin de faire le point et se mettre dans le bain. Une étude des lieux compléta sa première journée de travail.

Le lendemain, accompagnée de l’adjoint et d’un gendarme chargé de l’enquête, il rendit visite à toutes les personnes âgées de la commune. Travail fastidieux, il aurait  pu  écrire  un livre  avec  toutes les  anecdotes  qu’il

 

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recueillit. Mais un point précis s’étalait sur sa table de travail le soir venu : Il n’avait aucun renseignement sur le notaire Maître DELOURCHE, son épouse et sa fille, ancien propriétaire des lieux, leur vie et l’existence  qu’ils auraient pu mener à cette époque de la guerre. L’homme et sa famille n’y venant que les fins de semaine et ne faisant pas parler d’eux dans le village.

Mais certains se souvenaient d’un fait anodin à l’époque qui ne fit pas grand bruit. Henriette, la fille du notaire se serait enfuie avec deux soldats allemands déserteurs. La mairie étant occupée à cette période par une compagnie de soldats allemands. Le notaire et sa femme en étaient alors fort éprouvés et c’est de cela que la dame serait décédée, morte de chagrin.

Le commissaire n’avait que deux pistes devant lui : la première, le notaire ; la deuxième, les deux soldats allemands.

 

Il passa sa troisième journée à Denain. L’étude existait toujours mais sous un autre nom. Il put malgré tout fouiller dans les archives de Maître DELOURCHE restées à l’étude en cas de besoin du successeur. Mais rien de probant ne se dessina à l’horizon. Une autre piste le conduisit à son ancien appartement d’où les propriétaires savaient que n’ayant aucun héritier connu, les meubles et effets personnels de Monsieur DELOURCHE se trouvaient placés dans un garde meubles dont la mairie

 

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à suivre