SUICIDE !!! 

Á BLANC NEZ.

 

CAP BLANC  NEZ :

 

En ce mercredi après midi de fin septembre, de nombreux touristes viennent encore visiter le Cap Blanc Nez. Bien qu’il n’y ait que la mer à la voir s’écraser contre les falaises et ressentir quelques sensations fortes du haut de ces falaises. La période n’est pourtant aux grandes visites, mais certains bravent l’interdiction pour le plaisir.

En cette fin de septembre le vent est  cinglant et les averses de pluie nombreuses et pourtant, le défi est là avec toute la dangerosité des lieux.

C’est là, à un mètre du bord de la falaise qu’un gamin trouve un téléphone portable traînant sur le sol, prés d’une grosse touffe d’herbe. Ses parents, des gens honnêtes, hèlent à tour de rôle les quatre autres groupes familiaux présents sur les lieux, au cas ou l’un d’entre eux aurait perdu ce portable. Personne !

Personne n’en est le propriétaire. L’une de ces personnes propose de le déposer dans une agence qui retrouvera le propriétaire.

L’histoire aurait pu se terminer là !

Sauf !!!

 

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Si un des gamins ne s’était approché du bord de la falaise.

Son père le rattrape et lui fait remarquer que c’est dangereux de s’aventurer  trop prés et il lui montre la profondeur des lieux. Justement la mer se retirait et quelques mètres de sable se découvraient. C‘est ainsi que l’homme vit un amas, quelque chose qui ressemblait à s’y méprendre à un corps.

- Venez voir ! In dirot qu’y a in corps in bas !!!

Les plus hardis se rapprochent avec précaution, car les lieux sont humides et glissants. Et force leur est de constater qu’il s’agit bien d’un corps.

- J’appelle des secours !  Dit l’un d’eux.

Et tout le monde s’en va de donner son avis, en attendant l’arrivée de sapeurs pompiers, membres du GRIMP (groupe de recherches d’interventions en milieu périlleux) qui ne tarda pas. Avec eux la gendarmerie qui plaça des barrières à distance afin de laisser les pompiers faire leur travail au mieux.

Une demi heure plus tard le corps d’une jeune fille est remonté. Qui est-elle ? Mystère pour l’instant, la gendarmerie n’a enregistré aucune disparition dans les jours précédents. Et la jeune fille d’une quinzaine d’années n’a aucuns papiers sur elle. Vêtue d’un jeans, d’un tee shirt et de baskets rose et blanche, rien dans les poches, elle ne peut être identifiée.

Le procureur Gérard LECYGNE arrive sur les lieux, il est prés de dix sept heures, il est accompagné d’un ami commissaire de Police en poste à Lille qui lui a rendu visite. Les deux hommes s’enquerrent des premiers résultats. Pensant à un suicide, le procureur demande aux militaires de ratisser le terrain, aussi bien en haut qu’en bas.

 

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- J’en pense, j’en pense … (dit-il en colère) Que j’étais en vacances, j’oubliais mes enquêtes et que cette fichue MANON m’en claque une dans les pattes. Mais j’ai rien à faire ici, pas d’enquête, RIEN !!!

En vacances, je te dis !

- Mais quelle mouche te pique! De quelle enquête parles-tu ? Bien sûr que tu es en vacances. Et la gendarmerie va régler cette affaire en quelques jours ! Il n’y a pas de problème.

- J’espère ! N’empêche qu’elle m’a dit que je retrouverai la fille du portable. Si ce n’est pas une enquête, c’est quoi ? A ton avis !

- Ecoutes ! T’énerves pas ! Je fais mon travail, tu m’accompagnes et c’est tout. Si tu as un avis à donner, je t’écoute, mais en aucun cas, je ne te confierai une enquête. T’es pas chez toi ici. Tu t’en rappelles, quand même !  Lui assène le procureur.

- Bon, ok ! Qu’est-ce qu’on fait alors !

- Comme je te l’ai dit, on va à la brigade se renseigner sur ce portable.

- Allons-y donc ! C’est dommage j’aurais aimé en savoir plus sur cette jeune femme. Mais elle est repartie, on trouvera peut-être quelque chose sur elle dans les déclarations de témoignage.

- Attends moi à la voiture, je vais donner des instructions pour libérer les  lieux et faire évacuer tous ces gens.

- Ok !

Le commissaire se dirige vers le parking où le procureur à garer son véhicule. Arrivé à proximité, il  aperçoit un SDF qui tente de forcer la portière.

 

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- Eh, vous là-bas ! Qu’est-ce que vous faites là ?

- Rin ! Euj survelle !

- Comment ça, tu surveilles … Et que surveilles-tu en voulant ouvrir les portières ?

- Euj survelle si all sont bin fermé, sinan j’lé véroulle pou qu’ persanne y vole chou qu’y arot à l’intérieur des votures, tiens !

- Oui ! C’est ça ! Et … dans ton sac, qu’est-ce qu’on peut trouver ?

- Rin ! Min casse-croute, min litron, mé clopes et ché tout.

- Bien sûr ! Allez vide moi tout ça sur le capot de la voiture qu’on vérifie !

L’homme n’en mène pas large et s’exécute, il pourrait se sauver mais la présence des gendarmes le dissuadent.

- Tiens, tiens ! C’est quoi çà ? … Un portefeuille avec tes papiers d’identité sans doute … !

- Wai, wai ! Ché Cha ! Ché mé papié.

- Des paquets de biscuits, des bouteilles de limonade, encore un portefeuille, un sac à main, un téléphone portable «mais à qui tu téléphones, toi ? », des cigarettes, «t’as le choix, trois marques différentes», un livre «et tu lis aussi ! », du pain, un fromage, des fruits, des boucles d’oreilles.  Bin dis donc, c’est un vrai magasin ton sac. Je parie que tu as trouvé tout ça par terre, après le départ des véhicules !

- Wai ! Ché cha, ché come teu dis ! Quind el z’auto all s’in vont, j’vas vir et j’troufe tout cha.

- Bien sûr ! Mais tu vois, c’est la voiture de mon ami qui est Procureur de la République, on partait à la brigade de gendarmerie de Calais. Et, bien tu vas nous accompagner, ça te

 

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- Je suis monté en grade et muté ici. Et vous ? Toujours en retraite.

- Non, non ! J’ai repris du service. Je m’ennuyais trop à la pêche.

- Vous venez pour l’enquête de la petite ?

- Non, non ! Loin de moi cette idée, n’est-ce pas Gérard. Pas d’enquête !!! Des vacances, c’est tout.

- Bien sûr ! En attendant, si Monsieur le Procureur n’y voit d’inconvénient, vous pouvez assister à notre briefing ? Ça peut vous sembler intéressant.   Propose le major.

- On peut y aller, il commence à se faire tard et plus vite fait, plus vite chez nous. N’est-ce pas Jean ?

- Bien sûr !   Acquiesce le commissaire.

 

Dans la salle de réunion, les gendarmes  présentent chacun leur tour l’objet de leur investigation, résumé par l’adjudant chef.

- Voilà, où nous en sommes :

1) Sur la plage, rien ! Aucun indice. Il semble que la fille soit tombée là et y soit restée malgré la marée. A quelle heure ? On attend la réponse du légiste.

2) Rien le long de la falaise. Pas de trace de sang, de vêtements ou d’autres choses. Elle est tombée du haut en bas.. Là aussi le légiste nous dira si c’est un suicide , un accident ou une tentative de meurtre.

3) Nous avons examiné la plage  et la falaise, le plus loin possible que l’on a pu faire à pied, de chaque côté du lieu, ratissé tout le site sur quelques centaines de mètres.

On a découvert à environ deux kilomètres, sur une aire fréquentée par les amoureux, deux blousons et un sac à dos

 

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contenant des livres scolaires. A l’aide du carnet de liaison, on a pu joindre les parents. Ils doivent arriver sous peu. Il n’y avait pas de photo, malheureusement.

Supposition : Si le blouson et le sac lui appartiennent, il y avait forcément quelqu’un d’autre avec elle qui portait l’autre blouson.

A cet effet, j’ai demandé à l’hélicoptère de la Gendarmerie de ratisser le bord de la falaise jusqu’au Cap Gris Nez. Mais un corps, en fonction des courants et des vents, peut dérivé jusqu’en Belgique. La mer, de toute façon, rend ses victimes. C’est une question de temps.

4) La découverte d’un portable. On attend la venue des parents de la jeune fille pour reconnaître les blousons et le sac à dos et en savoir plus. A priori, si le portable et le sac à dos n’ont rien en commun, on revient au point de départ. A contrario, il est difficile à comprendre, à imaginer même, que des adolescents ou adolescentes, en tee-shirt, ont affronté la pluie, le vent et le froid en gravissant la falaise sur deux kilomètres. Difficile d’accepter qu’il ou elles aient pu se donner la mort, une nuit d’automne, en plongeant vers le vide.

5) Quand à l’audition des témoins, on ne  peut rien en tirer, puisque c’est intervenu après coup.

Conclusion :  On attend l’audition des deux parents et voir la corrélation existante entre elles.

Voilà, Monsieur le Procureur ! Je pense qu’on peut clore l’affaire dans l’immédiat et voir demain.

- Bien ! Nous allons vous laisser, je vous téléphone demain matin. Pour l’instant il se fait tard et nous sommes attendus.

 

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à suivre