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MÉLODIE

 

ou Le FACTEUR

 

C’est un jour comme les autres. Jean QUILLE exerçait son métier d’assureur en faisant du porte-à-porte. Un précédent client lui avait indiqué une adresse approximative. Une dame d’un certain âge pour ne pas dire un âge certain disposait d’une bonne rente et il lui arrivait de spéculer. Elle pourrait assurément être une bonne cliente, ce qu’il lui permettrait de disposer d’une bonne commission.

C’est ainsi qu’il arrive dans la rue des martyrs vers onze heures le matin, Madame Jeannaie DELOZEILLE y habitait, mais il ne connaissait pas son numéro d’habitation et elle n’avait pas de ligne téléphonique permettant de la situer dans le Bottin.

Il se gare à l’entrée de la dite rue, là où le trottoir est suffisamment large pour y stationner. Il sortit de sa voiture et scruta les alentours : à dix mètres une maison dont la porte d’entrée ouverte laisse entrevoir une jeune dame faisant son pavé.

 

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Puis un long mur comme celui devant lequel il est garé, plus bas deux autres maisons puis des jardins et encore une maison et enfin le carrefour où un stop placé sur le trottoir d’en face terminait la rue des Martyrs. De ce côté-là de la rue aucune maison, rien que des jardins ouvriers. Sa tâche sera facile, en un quart d’heure il aura trouvé la susdite habitation.

Il s’approche de la première maison, la jeune dame lui donnera le renseignement qu’il lui fera gagner du temps.

Celle-ci, comme dit plus haut, fait son pavé, c’est-à-dire qu’elle lave le sol de sa maison en gardant la porte ouverte et renvoie l’eau du sol vers le trottoir et de là dans le caniveau.

Jean QUILLE n’a pas le temps de lui poser la question qu’il a juste le temps de se reculer afin de ne pas recevoir une giclée d’eau envoyée avec force par la petite dame. Le carrelage est constitué de carreaux rouges produisant lorsqu’on les lave une eau très sale. Je ne vous l’ai pas dit, mais il s’agit tout de même d’une maison datant du siècle passé, certainement d’avant-guerre, celle de 1870.

Jean QUILLE s’appuya contre le mur, il attendrait qu’elle sorte de la maison ; la sonnette étant placée de l’autre côté de la porte. Il ne tient pas à recevoir une autre giclée d’eau sale.

Enfin ! Elle apparaît dans l’encadrement, plutôt son arrière-train. Pas trop gros, il la devina assez fine. Pas grande, environ un mètre cinquante. Puis elle se redresse, étonnée de le voir là, appuyé contre le mur.

- Bonjour ! Qu’est-ce que vous faites là ?

 

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- Bonjour Madame ou mademoiselle ?

- Les deux, je ne suis pas mariée, juste en concubinage. Alors !

- Je cherche la maison de Madame Jeannaie DELOZEILLE et comme j’ai failli me faire asperger, j’ai attendu que vous ayez fini votre pavé.

- Excusez-moi, c’est l’habitude. Il ne passe jamais personne, alors je pousse l’eau sur le trottoir, ça m’évite de la ramasser avec la serpillière.

Elle s’était arrêtée de poursuivre son nettoyage et restait debout appuyée sur le manche de son raclo. Mélodie, c’est son prénom réfléchissait du haut de ses 20/25 printemps. Frêle que je vous ai dit plus haut et une poitrine que je découvre dans l’échancrure de son pull taillé en V. Elle ne porte pas de soutien-gorge ce qui ne semble pas nécessaire vu qu’il ne dépasserait pas le 85B. Un jeans usé complétait son habillement et les pieds nus.

Un léger silence s’est installé. Je pense qu’elle réfléchit où habite la charmante, que je pense, dame que je dois rencontrer. Je le romps !

- Vous me faites penser à ma jeunesse.

- Ah, oui !

- Oui, vous voulez que je vous raconte ?

- Bien sûr ! Je m’ennuie à mourir ici. Alors un peu de conversation n’est pas de refus.

- Voilà !

 

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 à suivre