N° 2

 

HECTOR MELON D’AUBIER

 

NOUVELLES

L’ENFANT TROUVE

L’AUTRE, dans…

 

 

 

 

 

RECUEIL de NOUVELLES

 

L’ENFANT TROUVE

L’AUTRE, dans la maison d’à coté

UNE VIE EN BLEU

MORT SUSPECTE

BIN MI, EUCH’SE PAS, HIN!

MORT DE LA PETITE SOURIS

LE SAFARI

LA VACHE QUI RIT

TOUS LES CHATS SONT GRIS

LA BALANCOIRE

L’HOMME …

 

Par

HECTOR MELON D’AUBIER

 

 

 

 

 

 

 

L’ENFANT TROUVE

 

 

 

1°PARTIE

 

Jeudi 25 Mai 2000

Le Conseil Général du Nord organise par la voix de son Président M. DEROSIER, une cérémonie officielle de reconnaissance du travail effectué par les Assistantes Maternelles auprès des enfants par ce que l’on a coutume d’appeler, à tort, la DDASS.

L’objet de cette reconnaissance fut proposé par le Président du CGN auprès des douze Services Territoriaux d’Aide Sociale à l’Enfance, qui doivent devenir huit Directions Territoriales. Chacun devant nominer une personne méritante par son action auprès des jeunes enfants.

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La salle des cérémonies était ouverte des 15heures30. On pouvait y rencontrer les douze Assistantes Maternelles, mais aussi leur famille, des Assistantes Sociales, des Référents, le personnel administratif des SAE et les Conseillers Généraux du secteur des AM, quelques personnalités civiles, des juges, des avocats.

Des photographes choisissaient les meilleurs angles pour leurs photos. FR3 avait installé trois caméras pour retransmettre la cérémonie en différé aux infos de 19heures.

Vers 16heures15, le Président DEROSIER prit la parole, après avoir été présenté par le Maître de cérémonie.

Le Président présenta le rôle du CGN dans son Action envers la jeunesse malheureuse, énonça quelques chiffres tirés du bilan budgétaire. Ensuite il exposa le rôle des Secteurs Territoriaux et des Assistantes Sociales. Puis celui des Juges pour enfants chargés de prononcer ou non le placement d’enfants dans un service d’accueil. S’appesantit sur les différentes formes de maltraitance et de la nécessité d’un placement hors structures familiales. Pour aboutir aux rôles joués par les Assistantes Maternelles.

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Un retour dans le passé pour parler de l’Assistance Publique puis des Directions Territoriales des ASE et enfin d’expliquer le pourquoi de cette cérémonie.

Elles avaient donc été choisies pour leur action méritante et les rôles diversifiés qu’elles avaient tenus. Une à une, les A.M. furent appelées sur le podium accompagné du Directeur de leur Secteur Territorial, qui avait pour tache de faire l’éloge de son choix. Moment intense et émouvant pour chaque Assistante Maternelle ainsi mise à l’honneur.

C’est ainsi que tour à tour défilèrent et reçurent les félicitations du Président DEROSIER, les S.T. de Lille 1, 4 et 5, ceux de Roubaix 2 et Tourcoing 3, ceux de Valenciennes 11et 12, puis celui du Douaisis 6, de Flandres Maritimes 7, de Flandres Intérieure 8, du Cambrésis 9 et enfin de l’Avesnois 10. Pour ce qui nous intéresse, ce fut celui de Cambrai, le Directeur M. Philippe BOURDET présenta Mme Madeleine Félicie CORBOIS. Comme les autres Assistantes Maternelles, elle a décrit son rôle, son action, sa motivation, son quotidien, ses relations avec les Assistantes Sociales et Référents, les relations parfois simples mais d’autres difficiles avec les parents. Pour les unes comme pour les autres, leurs propos se ressemblaient, se complétaient, se confirmaient.

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La cérémonie se termina par un lunch offert par le Département, bien sûr ; pendant lequel les conversations allaient bon train sur le rôle joué par tous pour le seul bonheur de venir en aide aux enfants défavorisés.

La famille CORBOIS rentre à son domicile vers les 1heure du matin. Fatiguée par la réception, mais aussi par le trajet à cette heure tardive. M. CORBOIS vérifia que son magnétoscope avait bien enregistré les Actualités diffusées à 19heures et 22heures30 sur la Trois et à 20heures sur la Deux. Un ami s’était engagé à enregistrer la Une.

Le lendemain matin, les CORBOIS prenaient connaissance comme tous les lecteurs de la Voix du Nord du résumé de cette cérémonie. Une page entière leur était consacrée. Les onze autres A.M. furent présentées succinctement et chaque Edition brossait un portrait de l’A.M. de son secteur.

Ainsi on retrouvait les propos et explications tenus par Mme CORBOIS. On apprenait que chaque enfant

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placé vivait comme un enfant de la famille. Qu’il fallait une période d’adaptation à l’arrivée. Comprendre le caractère de l’enfant, l’admettre et faire avec, comme on le fait avec son propre enfant. L’éduquer, lui faire comprendre et adopter les principes de vie, nouveau pour lui parfois. Expliquer que des liens d’attaches , même s’ils peuvent être durs au moment de la séparation, doivent s’analyser comme pour ses propres enfant.

A savoir : lors du mariage, surtout si la fille n’a pas vécu en concubinage ou suivi une vie étudiante en internat. Le service militaire, lorsqu’il existait encore , ou le fils partait plusieurs mois sans revenir. Ou lorsque la vie professionnelle de l’un comme de l’autre les faisait émigrer dans une autre région, voire un autre pays.

De tout cela, Mme CORBOIS en était consciente et tentait de l’expliquer le mieux qu’elle pouvait avec ses mots à elle.

Elle savait aussi qu’il lui faudrait rendre des comptes à ses supérieurs si elle se trompait dans son analyse. Mais n’avait-elle pas été nominée pour cela justement.

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Et puis, maintenant qu’elle est célèbre, il lui faudra en discuter avec les gens du village, dés qu’elle mettra le nez dehors. Puis au mois de janvier 2001, le Maire ne manquera pas de l’inviter lors de la cérémonie des vœux. << Oh,la, la ! >> disait-elle à tout bout de champs. << Si j’avais su ! >> C’est ça, la rançon de la gloire !

Les CORBOIS ignoraient en ces instants qu’une jeune femme s’était empressée de se procurer toutes les Editions de la Voix du Nord, et, qu’après les informations télévisées, elle en avait été bouleversée.

 

 

 

 

 

 

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L’ENFANT TROUVE

 

2°PARTIE

 

Mercredi 7 juin 2000

Ce beau matin, M. CORBOIS sort dans sa cour pour prendre son journal, dans la boite à lettre. Soudain, il a la sensation d’entendre des gazouillements dans l’abri situé de l’autre coté de la cour, face à lui. Il pense qu’un chat est venu faire sa portée à cet endroit.

Il s’y dirige, en marmonnant Dieu c’est quoi, et qu’elle ne fut sa surprise d’apercevoir dans l’amas de journaux stockés, un bébé, pas très gros certes, mais semblant âgé de deux à trois mois.

Il le prend dans ses bras et en criant :

<< Madeleine, Madeleine, viens voir ce que j’ai trouvé ! >> et il se dirige vers la maison.

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A peine rentré, il tend l’enfant à Madeleine qui n’en revient pas non plus. Elle pose le bambin, qui n’arrête pas de gazouiller, insensible aux évènements qu’il vient de créer, dans le fauteuil tout proche.

Mme CORBOIS examine l’enfant. Il est propre, bien habillé. Il a fallut tout de même le changer. M. CORBOIS qui était parti chercher la couverture dans laquelle se trouvait l’enfant, revient avec un biberon vide, mais encore légèrement tiède.

<< Il vient de finir son biberon, c’est pour cela qu’il ne pleure pas. >>

<< Oui ! Mais es-tu allé faire un tour dehors, dans la rue ? Pour voir qui a pu abandonner le petit. >>

<< Non, non ! J’y vais de ce pas. >>

Hélas ! La rue est déserte comme à l’habitude. En plus, c’est mercredi ! Les autres enfants ne se lèvent pas de bonne heure.

A part le distributeur de journaux à 7heures, il faut patienter jusque 10heures pour entendre le boulanger et 11heures30 pour voir le facteur. Ce petit coin du village est aussi très propice à ce genre d’abandon. Comme il n’y a pas de portail, de jeunes chiots ou chatons y trouvent souvent refuge, malgré eux.

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<< Qu’est-ce qu’on fait ? On ne peut le garder ? >> questionne Mme CORBOIS .

<< J’appelle les gendarmes. Ils aviseront >> lui répondit son mari.

Ainsi ce qui fut dit, fut fait.

Lorsque les gendarmes arrivèrent, les autres enfants étaient levés. Ce brouhaha inhabituel avait vite fait de les réveiller. Ils posaient un tas de questions auxquelles les CORBOIS ne pouvaient répondre. L’entrée des gendarmes fut l’occasion de ramener le silence dans la maisonnée.

Des questions, des supputations, les CORBOIS reprirent de nouveau le récit de ces premières heures de la matinée.

L’adjudant-chef Jean DARME décida d’en informer le Procureur de la République. Mme DELALOIE abrégea son emploi du temps pour se rendre de facto au domicile des CORBOIS. Elle informa, avant de quitter son bureau, le Directeur de la D.T. du Cambrésis, M. BOURDET, des évènements qui venaient de se produire et lui demanda de

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L'adjudant chef Jean DARME prend son air péromptoire, la jeune fille tente de noyer le poisson, mais les premières constatations font apparaître que la carte est fausse, fabriquée de toute pièce. Le nom doit être faux également. L'adjudant-chef fait appel à Mme DELALOIE, la Procureur qui souhaite que l'on lui amène la prévenue.

Devant une mise en examen pour faux et usage de faux, usurpation d'identité et autres sommations tel que tentatives d'enlèvement d'enfant ou abandon d'enfant s'il s'avère qu'elle peut être la mère, la jeune femme déclina son identité.

Danielle BONSAC, journaliste enquêtrice pour la revue " Le DETECTIVE ". Habitant la région d'HAZEBROUCK, elle a fait la relation entre un enlèvement d'enfant, quelques mois plus tôt, dans la maternité du C.H. d'HAZEBROUCK et l'Enfant Trouvé.

Il s'agissait dans les deux cas d'un garçon et l'âge correspondait. Elle fit part de ses travaux à Mme DELALOIE, lui affirmant que les photos devaient servir à découvrir une ressemblance ou des affinités avec la présumée mère de l'enfant.

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L'ENFANT TROUVE

 

3°PARTIE

Jeudi matin,

15 juin 2000 à 9heures.

Danielle BONSAC attend devant le bureau du Procureur M. Juste ICE.

Celui-ci la fait entrer et lui rappelle les charges qui pèsent contre elle. Sa coopération fera des circonstances très atténuantes. Il lui proposa un café après son sermon, en attendant l'arrivée d'un inspecteur du Service de Recherches et d'Investigations de LILLE.

L'inspecteur Jean SEKEKCHOZ fit son entrée.

Après les présentations d'usage et le rappel des faits, il préconisa une poursuite de l'enquête de la jeune femme afin de déterminer la corrélation des faits évoqués et supposés. Cette dernière sollicita sa présence et la poursuite de ce qu'elle baptisait mon enquête.

L'inspecteur, dans un léger sourire ironique, acquiesca, en soumettant des conditions restrictives. Tout en se disant qu'elle se découvrirait assez tôt, ridicule de vouloir faire le travail de la police.

 

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Ils entreprirent une enquête de voisinage qui révéla que la jeune fille prénommée Farida ne sortait jamais, sinon que pour se rendre au lycée. On ne lui connaît aucun flirt ou petit copain.

De même pour l'autre sœur Linda âgée de 16 ans. Des doutes, des supputations furent émises.

Le père, un nord africain apatrié dans les années 70, a épousé une compatriote et s'est installé dans ce lotissement acquis quelques années avant son mariage. Sans amis, sans contact amical avec les autres résidents, la famille MARACHI vivait en autarcie. Lui, agent technique en informatique gagnait bien sa vie.

L'inspecteur et la journaliste sollicitèrent un rendez-vous avec le Procureur. Monsieur ICE décida de mettre à la disposition de l'inspecteur Jean SEKEKCHOZ, la gendarmerie la plus proche .

Les arrestations et les gardes à vous ne tardèrent pas. A 18heures, la famille MARACHI se retrouve à la gendarmerie pour interrogatoire.

M. MARACHI, quant à lui, fut arrêté sur son lieu de travail. La jeune Farida ne pouvant se déplacer, est mise en garde à vue au domicile familiale par deux gendarmes. Une assistante ménagère fut quéri pour subvenir à son repas et son coucher.

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La journaliste souhaite l'indulgence de Mme la Procureur et promet de lui transmettre son analyse complète de ses recherches. Perplexe, Mme DELALOIE souhaite l'avis de l'Adjudant chef Jean DARME. Ce dernier, si les faits sont réels, lui propose de mettre l'affaire entre les mains de la gendarmerie d'HAZEBROUCK.

Mme DELALOIE téléphone à son collègue prés du Tribunal d'HAZEBROUCK, elle lui donne connaissance des évènements et lui propose une coordination des deux affaires s'il s'avère leur réciprocité. Mlle BONSAC devra se mettre à la disposition du Procureur d'HAZEBROUCK. Des photos de l'enfant seront prises dans la demi-heure qui suit, mais seront transmises par les services de gendarmerie.

<< J'espère que ça va se terminer bientôt cette histoire… >> dit Mme CORBOIS, dans un soupir de soulagement.

Le petit dans les bras, elle regarde les voitures tournées le coin de la rue. Son mari l'a prend par la taille et se dirigeant vers l'entrée de la maison :

<< Allons prendre un petit apéritif, ça nous remettra de nos émotions ! On l'a bien mérité ! >>

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Ils se rendirent immédiatement sur le terrain, c'est à dire au C.H. d'HAZEBROUCK, direction la Maternité.

Le but ?

Découvrir qui aurait pu enlever un enfant et pourquoi ?

La présence de l'inspecteur permet d'ouvrir rapidement des portes que la journaliste n'aurait pu faire en si peu de temps. L'inspecteur interrogea tous les membres du personnel employé à la maternité.

Même ceux absents le jour de l'enlèvement.

Des rapprochements permirent de relever une piste. Mais il était encore un peu tôt pour foncer dessus tête baissée.

Ces quelques jours passés ensemble rapprocha l'inspecteur de la journaliste. Lui taciturne, elle joviale détonait. Lui renfermé dans ses réflexions, elle emportée dans ses déductions, amenait parfois quelques coups de gueule, compensés par les légers repas ou pause café pris en commun.

L'inspecteur SEKEKCHOZ décida enfin d'aller voir la mère présumée de l'enfant. Elle résidait avec ses parents, sa sœur et son jeune frère dans une petite maison de la Cité des Plantes.

L'interrogatoire de la jeune mère, 18 ans, s'avéra très difficile sinon impossible. Celle-ci se trouve proster dans un silence continu, depuis son accouchement. Son état de santé n'allait guère mieux ; elle ne quittait son lit que pour un fauteuil.

Le père de famille se trouvant absent, la mère, le frère et la sœur ne purent leur apprendre qui peut être le père de l'enfant.

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Tous ont entrepris un silence pesant. Refusant de répondre aux questions des officiers de gendarmerie, à part des " je sais pas … " ou des " je comprends pas … "

Danielle semble déçu et fatiguée.

<< Un coup d'épée dans l'eau >> dit-elle à l'inspecteur.

<< Nous aurons du mal à découvrir quelque chose ! Voulez-vous rentrer ? Il se fait tard. >>

<< Non ! Je reste. Je veux savoir. Même si je dois dormir sur une chaise ! >>

<< Courageuse et bornée. >> pensa l'inspecteur.

La famille MARACHI était séparée depuis 10 heures déjà. Les gendarmes se relayant pour les interrogatoires. D'autres gendarmes ayant été mobilisés pour l'occasion. L'inspecteur Jean SEKEKCHOZ , passant d'un bureau à l'autre.

Toujours le même comportement. Résignée pour la mère, la sœur et le fils. Fier et solennel pour le père. << On n'en viendra jamais à bout ! >> pensa-t-il.

Il retrouva la journaliste.

<< Alors ? Toujours rien. >>

<< Rien de rien. Silence obtus. >>

<< J'ai une idée ! >>

<< Allez-y ! Dites toujours. >>

<< Si nos soupçons sont exacts, il a pu également abuser de son autre fille. Faisons lui passer un examen gynécologique. Nous aurons un point de plus, si c'est confirmé. >>

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A suivre