LE GARÇON-BOUCHER

 

Je m’appelle Manon, j’ai 20 ans à tout casser et je suis caissière pour quelques temps dans une boucherie, dont le garçon-boucher se prénomme Loïc. Comme chaque jour…

 

II sourit, planta ses yeux dans les miens. Ce regard était le signal. Il s’enfonçait bien au-delà de mes pupilles, parcourait tout mon corps, se fichait dans le ventre. Le boucher allait parler.

- Comment va ma petite chérie ce matin ?

La bave d’une araignée tissant sa toile.

- Ma chérie a bien dormi ? La nuit n’a pas été trop longue ? Il ne t’a rien manqué ?

Voilà ! Ça recommençait. C’était dégoûtant. Et si doux pourtant.

- Il y avait peut-être quelqu’un avec toi pour s’occuper de ta petite chatte ? Tu aimes ça, bien ? Je le vois dans tes yeux. Moi j’étais tout seul, je n’arrivais pas à dormir, j’ai beaucoup pensé à toi, tu sais…

Le garçon-boucher tout nu, secouant son sexe dans sa main. Je me sentis gluante dans cette vision.

- J’aurais préféré que tu sois là, bien sûr…Mais tu viendra bientôt ma chérie… Tu verras comme je prendrai soin de toi… J’ai les mains habiles, tu sais… Et la langue longue, tu verras. Je te lècherais la chounette comme tu n’as jamais été léchée. Tu le sens déjà, hein ? Tu sens l’odeur de l’amour ? Tu aimes l’odeur des hommes quand tu vas les boire ?

Il soufflait plutôt qu’il ne parlait. Ses mots venaient s’écraser contre mon cou, dégoulinaient dans mon dos, sur mes seins, mon ventre, mes cuisses. Il me tenait par ses petits yeux bleus, son sourire suave.

 

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À cette heure, le patron et la bouchère finissaient de préparer leur étal, sur le marché couvert et donnaient leurs dernières recommandations aux autres employés ; les clients étaient encore peu nombreux. Comme chaque fois que nous étions tous les deux seuls, Loïc et moi, le jeu revenait, notre jeu, notre invention précieuse pour anéantir le monde. Le boucher était accoudé à ma caisse tout près de moi. Je ne faisais rien, je restais assise bien droite sur mon haut tabouret. Je l’écoutais, seulement.

Et je savais que, malgré moi, il voyait sous ses mots monter mon désir, il connaissait la fascination qu’exerçait sur moi son manège doucereux.

- Je parie que dans ta petite culotte, tu es déjà mouillée. Tu aimes que je te parle, hein ! Ça te plairait de jouir rien qu’avec des mots… Il faudrait que je continue tout le temps… Si je te touchais, tu vois, ce serait comme mes paroles… partout, doucement avec ma langue… Je te prendrais dans mes bras, je ferais  tout ce que je veux de toi, tu serais ma poupée, ma petite chérie à câliner… Tu voudrais que ce ne soit jamais fini…

Le garçon-boucher était grand et gros, avec la peau très blanche. Tout en parlant sans s’arrêter, il haletait légèrement, sa voix se voilait, fondait en chuchotements ; je voyais son visage se couvrir de plaques roses, ses lèvres brillaient d’humidité, le bleu de ses yeux s’éclaircissait jusqu’à ne plus faire qu’une tâche pâle et lumineuse.

Dans ma semi-conscience, je me demandai s’il n’allait pas jouir, m’entraîner avec lui. Si nous n’allions pas couler notre plaisir avec ce flot de paroles, et le monde était blanc comme sa blouse, comme la vitrine et comme le lait des hommes et des vaches,  comme le gros ventre du garçon-boucher,  sous lequel se cachait ce qui le faisait parler. Parler dans mon cou dès que nous étions seuls tous les deux, jeunes et chauds comme une île perdue au milieu de cet océan de viande froide.

 

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- Ce que j’aime surtout, c’est bouffer la chatte des petites filles comme toi. Tu me laisseras faire, dis. Tu me laisseras te  brouter ? J’écarterai tout doucement tes jolies lèvres roses, d’abord les grandes, ensuite les petites, j’y mettrai le bout de langue, puis toute la langue, et je te lècherai du trou au bouton de rose. Oh, le joli bouton que voilà ! Je te sucerai ma jolie, tu mouilleras, tu brilleras et tu n’en finiras pas de jouir dans ma bouche comme tu en auras envie. Hein ! Je mangerai ton cul aussi, tes seins, tes épaules, tes bras, ton nombril, le creux de ton dos, tes cuisses, tes jambes, tes genoux, tes orteils et je t’assiérai sur mon nez, je m’étoufferai dans ta raie, ta tête sur mes couilles, ma grosse queue dans ta mignonne bouche. Laisse, ma chérie ! Je déchargerai dans ta gorge, sur ton ventre ou sur tes yeux si tu préfères. Les nuits sont si longues, je te prendrais par-devant et par derrière ma petite chatte, on en aura jamais fini, oui jamais fini !

Il chuchotait maintenant à mon oreille, penché tout contre moi sans me toucher, et nous ne savions plus ni l’un ni l’autre où nous étions, où était le monde. Nous étions pétrifiés par un souffle articulé qui s ‘échappait tout seul, faisait sa propre vie, un animal désincarné, juste entre sa bouche et mon oreille.

 

La main sur la machine à hacher, le boucher recueillait la viande qui sortait en longs et fins cylindres, serrés les uns contre les autres en une masse molle s’affaissant dans la paume de sa main. Il éteignit la machine, avala le tas rouge en deux gorgées.

Il me fit un clin d’œil amical. Avait-il tout oublié, déjà ! Puis il servit une cliente.

 

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Loïc affichait toujours une grande politesse avec les clientes, un hommage très appuyé si elles ne sont pas trop vieilles ni trop laides. Je le regardais considérer les corps en tenue d’été avec un désir non dissimulé.

Et peu à peu, par la magie d’une puissance plus forte que ma volonté, je sentais son désir devenir le mien. Contenant à la fois le corps gras du boucher et celui des clientes déshabillées par son œil et le mien. Vers toutes ces chairs montait de mon ventre une exaspération continue.

- Ma petite Manon, tu es vraiment légère à coté de moi. Il faudra que je te déshabille tout doucement pour ne pas te casser. Tu me déshabilleras aussi, d’abord là chemise et ensuite le pantalon. Je banderai déjà, sûrement ma queue dépassera du slip. Tu l’enlèveras aussi et tu auras envie de toucher, de prendre ce paquet chaud et dur entre tes mains, tu auras envie de son jus et tu commenceras à le branler, à le sucer, et finalement tu le mettras entre tes jambes, tu t’embrocheras sur moi et tu galoperas après ton plaisir jusqu’à ce qu’on s’inonde tous les deux. Oh, ma chérie, je sais que cela fermente en nous depuis des jours et des jours. On va exploser, on sera fous. Je te donnerais mes couilles et ma queue et tu en feras ce que tu veux. Tu me donneras ta chatte et ton cul. Moi, j’en serai le maître absolu et je l’enduirai de sperme et de jus jusque luisse ta lune, la nuit.

Etaient-ce bien les mots du boucher que transportait ce souffle ! Mais pourquoi ?

 

Cette nuit là, quand nous sommes rentrés si tard du concert, mon frère m’a proposé de dormir chez lui. Son ami Maxime dormait déjà dans sa chambre. Je pris le divan du salon. Ne pouvant m’endormir, comme une somnambule, j’entrais dans la chambre de Max. Il m’avait prise dans ses bras, serrée contre son corps, et j’ai senti son sexe durcir sur mon ventre.

 

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à suivre