LE COLLIER DE PERLES

 

Une villa de maître, dans les environs de Lille. Monsieur de Valincourt prenait son petit-déjeuner sur la terrasse. Il est soudain dérangé par son majordome.

- Monsieur, il y a le jardinier qui voudrait vous parler !

- Il ne sait pas que je n’aime pas être dérangé sitôt le matin ! Que veut-il donc ?

- Il dit qu’il a découvert un cadavre dans le parc.

- Un cadavre ! Seigneur, Georges j’ai horreur des cadavres ! Renvoyez le jardinier !

- Mais, monsieur, il insiste, il veut que nous prévenions la police !

- Bien ! Qui est ce cadavre, Georges ?

- Je l’ignore, monsieur. Le jardinier affirme qu’il s’agit d’une femme.

- Et bien, allez voir, Georges et tenez moi au courant. J’appelle le préfet ! C’est un ami.

Monsieur de Valincourt se résigne à signaler l’affreuse découverte à son ami le Préfet, qui lui assure que quelqu’un de son service passera tantôt. Il se résigne enfin à entendre le jardinier.

Jean Faitou est jardinier certes, mais aussi peintre, manœuvre, homme d’entretien, garçon de ferme. Et pour l’heure il est assez secoué par sa découverte :

 

 

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Qu’en pensez-vous, monsieur ? Et, vous Georges ? Et vous le jardinier ?

Cette fois encore le médecin légiste intervient, de sa voix tranquille, habitué aux mystères de la mort qui n’en sont plus pour lui.

- Erreur, inspecteur. Une femme qui se déshabille dans la nature empile ses vêtements dans l’ordre que je viens d’indiquer, de manière à pouvoir les enfiler très rapidement au cas où elle serait surprise. C’est le cas. J’ajouterai qu’il y a là un vêtement supplémentaire, qui n’a pas été plié, lui. Il s’agit du châle que voilà. La morte est allongée dessus.

- Et alors ?

- Eh bien ce châle est grand, et si on rabat les deux côtés, il dissimule immédiatement le corps. Cela aussi est un réflexe féminin… Une femme ne se met nue au-dehors que si elle a la possibilité immédiate de ne plus l’être.

- C’est une déduction personnelle, docteur et non une constatation.

- Je regrette, vous pouvez la vérifier vous-même. Elle s’est couchée dessus, d’elle même. L’empreinte du corps est nette. Elle a même tenté de rabattre les côtés du châle, à l’arrivée de l’assassin. Vous voyez ces petites brindilles à l’envers du châle, on en retrouve sur le corps, elles se sont déplacées en même temps que le tissu et la main droite est encore agrippée aux franges du châle.

 

22  à, suivre