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HANTÉE

HECTOR MELON D’AUBIER

 

 

LA MAISON HANTÉE

 

Depuis quelques mois on parle dans la presse d’une maison qui serait hantée dans la commune de Bugnicourt, près de Douai.

Malgré les enquêtes de la Gendarmerie venue constater les faits, il ne fut pas possible de déterminer les causes de ces phénomènes étranges. Plusieurs articles de presse parurent, ce qui amena des professionnels de la recherche fantomatique avec leur pendule, appareil de détection de mouvement ectoplasmique, caméra infra rouge et des médiums aussi.

Mais rien n’y fit, les manifestations avaient lieu en l’absence d’occupants : déplacements d’objets, de meubles, etc. … Même un huissier fut mandé. Le résultat était là : des manifestations mais rien qui étaye un quelconque fantôme en la demeure.

Finalement, Thérèse, une jeune femme de 48 ans, veuve avec deux enfants qui étaient  mariés et avaient quitté le canton pour raisons professionnelles, en avait pris son parti et s’accommodait des bouleversements dans sa demeure qui n’étaient pas bien graves. Elle ne désirait pas quitter ce logement qu’elle avait eu du mal à obtenir et qu’elle occupait depuis 6 mois.

Pourtant un lundi matin, un homme se présenta chez elle. Il lui expliqua la raison de sa venue. Thérèse le repoussa vivement. L’homme ne désarma pas et attendait dans sa voiture, devant la maison, en faisant des mots croisés.

L’après midi, alors qu’elle sortait, il l’accosta de nouveau et l’implora  de lui laisser  une possibilité de découvrir  ce qu’il se passait chez elle. L’intervention étant en plus gratuite. Il ne demandait rien en échange.

 

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Il la suivit jusqu’au magasin où elle fit ses courses, attendit dehors et la raccompagna jusqu’à sa porte qu’elle referma à son nez, sans un mot. Pour elle tout avait été dit.

Pourtant vers 17 heures, elle ouvrit la porte et lui fit signe d’entrer.

- Venez, entrez et dites ce que vous voulez et ensuite partez. J’en ai assez vu des gens qui se disaient capables et finalement rien n’a changé.

- Je vais tout d’abord me présenter. Je suis le commissaire Jean Sékekchoz, voici ma carte, en retraite depuis quelques années. J’ai eu vent de ce qu’il se passait chez vous par les journaux. J’ai décidé de m’occuper l’esprit en tentant de résoudre cette énigme qui me semble fantastique. Généralement les gendarmes trouvent la solution, mais ici il semble qu’ils aient abandonné l’enquête vu qu’il n’y a rien de dramatique à part votre quiétude. Et puis, je ne souhaite pas  que vous sombriez à terme dans la folie.

- Et que comptez-vous faire ?

- Et bien ! Faire ma propre enquête comme je le faisais avant. Analyser toutes les pistes et trouver pourquoi il y a des manifestations de ce genre.

Vous comprenez que si cette maison est hantée, elle doit l’être depuis longtemps. Mais personne n’en a fait état auparavant.

- C’est ce que j’ai dit aux gendarmes et d’après eux, le propriétaire actuel n’a jamais vu ça.

- Si vous me  le permettez,  je peux commencer  tout de suite

 

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mon enquête. Vous voyez, je n’ai qu’un calepin pour écrire ce que je dois retenir et revoir dans mon analyse.

- Combien de temps comptez-vous rester ?

- Je ne sais pas. Pour demain j’ai peut-être une idée. Mais j’espère la résoudre assez vite pour ne pas vous ennuyer davantage.

- Par quoi allez-vous commencer ?

- Je pense que les journaux ont relaté suffisamment l’évènement. Parlez-moi des propriétaires ou ce que vous en savez !

- Le propriétaire actuel a hérité de cette maison à la mort de ses parents : comme il en avait une à lui, il l’a louée. Il doit y avoir une huitaine d’années, il est parti vivre dans le Midi, il était veuf et en retraite.

- Et les locataires précédents, qu’en savez-vous ?

- Il y a quatre ans, il l’a louée à un couple de jeunes gens qui y sont restés 3 ans environ puis ils sont partis habiter à Raimbeaucourt.

- Raimbeaucourt, je connais ! J’y ai déjà mené une enquête. Poursuivez, lui dit-il, en continuant à prendre des notes !

- La maison est restée vide 6 mois. Comme je cherchais un logement, j’ai contacté le propriétaire par l’intermédiaire d’un ami, qui a bien voulu me la louer. Un mois après mon emménagement les manifestations ont débuté.

- Quel genre ?

- Au début, c’était des livres, puis des bibelots. Je m’en rendais compte le matin. Mais je  mettais ça sur le dos de mon étourderie. C’est quand des meubles ont bougé de place que je me suis inquiétée et je pensais que quelqu’un venait la nuit chez

 

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moi pour m’ennuyer. Un jaloux qui n’avait pu avoir la maison, peut-être. J’ai donc porté plainte à la gendarmerie d’Arleux. Ils ont, paraît-il, surveillé la maison, mais rien n’y fit. Puis j’en ai parlé aux journaux en espérant que le plaisantin arrêterait.

- Et ça continue ?

- Oui ! Sauf que lorsque les gendarmes ont passé deux nuits à la maison et tous ces gens avec leur appareil, il ne s’est rien produit. Je crois qu’on me prenait pour une cinglée. J’en ai pris mon parti et depuis des mois, je replace mes affaires tous les matins,  comme si c’était normal.

Et je m’en accommode très bien. Sauf les gens du village qui me lancent, pour certains,  des piques de temps en temps, en me demandant des nouvelles du fantôme.

- Les anciens propriétaires, qu’est-ce qu’ils en ont dit ?

- Rien ! Ils n’ont jamais eu ce genre d’ennuis.

- Vous savez leur nom ?

- Oui ! Denicourt, à ce qu’il me semble.

Et maintenant que comptez-vous faire ?

- Je vois que vous avez un divan : si vous le permettez, je dormirai dedans et je serai ainsi aux premières loges si quelqu’un entre chez vous. J’ai le sommeil léger, vous savez.

- Si je comprends bien, vous vous installez à demeure.

- Bin, oui ! Il faut ça.

- Je n’ai plus qu’à préparer à souper !

- Si vous voulez, ce n’est pas une obligation.

- Comme ce n’était pas prévu, je peux vous faire chauffer un cassoulet, en boîte. Ça vous dit ?

- Tout ira pour le mieux. Surtout que je n’ai pas mangé ce midi.

- Vous auriez dû le dire, je vous aurais cuisiné quelque chose.

 

A SUIVRE