RECUEIL

de NOUVELLES

TOME 3°

 

 

 

 

Par

 

 

 

HECTOR MELON D’AUBIER

 

 

 

RECUEIL de NOUVELLES

 

TOME 3°

 

ERUPTION DE BOUTONS

LA CAGNOTTE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ERUPTION DE BOUTONS

 

PAR

 

HECTOR MELON D'AUBIER

 

ERUPTION DE BOUTONS

 

 

 

Jean CONNET est enquêteur au service de la DDAF. Il est chargé, comme on l’a déjà vu dans l’enlèvement, de contrôler, vérifier, solliciter des exploitations agricoles.

En cette période 2003, on lui a confié un recensement partiel des exploitations.

Un travail pas bien méchant qui consiste à recenser des agriculteurs par rapport à celui de l’année 2000. C'est-à-dire reprendre les coordonnées du chef d’exploitation, ses surfaces d’assolement, la composition de son cheptel, la composition de la famille et d’autres renseignements d’ordre général.  Mais jamais de renseignements sur le plan financier, il le précisait toujours. Il en avait généralement pour une petite heure.

Un jour, son enquête l’amena à la ferme du ROITELET. Nom étrange car il n’y avait pas de LEROY dans cette famille, ni d’oiseaux aux alentours du même nom. Quoique l’un des ancêtres à qui aurait appartenu l’exploitation au siècle avant dernier s’appelait LEPRINCE ; Et le chemin conduisant à la ferme : Rue du Prince.

Les actuels propriétaires, M. et Mme DURAND, n’ont jamais cherché à savoir le pourquoi des choses.

 

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Jean CONNET devait rencontrer ses clients, comme il disait, en fin d’après-midi vers les 17 heures. Il faisait très chaud ce jour là et ils l’attendaient dehors à l’ombre de grands arbres. Jean CONNET appréciait ce moment, où il se trouvait dans un coin d’ombre, ça le rafraîchissait.

Ses renseignements pris, il lui fut proposé une boisson fraîche. Il avait le temps, c’était le dernier client de la journée. Il en profita pour fumer et savourer une de ses cigarettes préférées « une Rolls ». Il s’installa confortablement et profita de ces instants paisibles. Il écoutait la maîtresse des lieux, Mme DURAND. Il savait que c’était un plaisir pour ces gens. Ils rencontraient peu de gens dans la journée et tous sont souvent pressés ; alors lorsqu’ils en tiennent un !!!

A l’ombre également, la mère de Mme DURAND et plus loin confortablement installée sur un transat, la fille de la maison écoutant de la musique avec un baladeur. Puis M. DURAND, bien sûr.

Soudain, son attention fut attirée vers la fenêtre de la salle à manger. Enfin, la pièce qui lui semble être la salle à manger. La fenêtre est grande ouverte et une jeune fille se meut à l’intérieur de la pièce. Elle est nue, complètement nue.

 

6

 

Un peu gênée de cette vision, il cherche à détourner son regard. Il regarde Mme DURAND ! A-t-elle deviné son trouble ? Ce qu’il a vu ! La gêne qui le saisit ! Il ne semble pas. Elle continue son dialogue avec son mari comme s’ils ne leur arrivaient jamais de parler ensemble des problèmes de la profession.

Jean CONNET écoutait, feignait de s’intéresser à leur propos. Mais son regard se trouve instinctivement attiré par cette fenêtre. Et là ! Plus rien. Plus personne. Il regarda prestement aux autres fenêtres. Rien ! Une vision fugitive. Avait-il rêvé ? Le soleil, la chaleur, la bière lui jouaient-ils un tour. Un mirage.

Soudain, il écarquilla les yeux, chercha ses mot, le mirage reprenait forme, se reproduisait. Il observa ses hôtes. Aucun ne semblait avoir vu l’apparition. Une jeune fille se tenait debout devant la porte d’entrée, complètement nue. Jolie au premier abord, de taille moyenne, des cheveux blonds coupés courts, le visage joufflu malgré une certaine tristesse dans les yeux. Une poitrine opulente et le corps bien en chair. Jean CONNET aurait pu estimé son poids aux alentours de 90/95 kilos. Elle détonnait par rapport aux autres membres de la famille. L’autre jeune fille pesant à peine les 50 kilos.

Il ouvrit la bouche et chercha ses mots.

 

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<< Euh ! … Je crois qu’il y a quelqu’un là ! >>

Mme DURAND  se retourna la première, les autres restèrent de marbre.

<< C’est ANNABELLE !  Notre fille aînée.

Qu’est-ce qu’il y a ANNABELLE ?

Tu ne vois pas que nous sommes  avec quelqu’un. >>

<< J’ai soif et ma bouteille est vide. >>

<< Attends ! J’arrive. Rentre maintenant ! >>

Se retournant pour rentrer, Jean CONNET vit que le dos de la jeune fille est vigné de boutons jaune acre. Cela partait du dessus des épaules et descendait jusqu’au fessier et s’étendait sous les aisselles sur les flancs gauche et droit. Instinctivement, il se pinça le nez dans un rictus qui n’avait pas été vu par les personnes présentes occupées à la regarder cette fois du fait que la mère s’était levée.

Son premier mouvement fut de se lever et de prendre congé. Mais M. DURAND lui proposa une seconde bière qu’il refusa par politesse, mais accepta devant l’insistance de son hôte. Cela lui permettra d’en savoir plus sur sa vision.

<< Excusez-nous ! Je ne m’attendais pas à la voir dehors. >> Furent les premières paroles de Mme DURAND, à son retour.

<< Ca doit vous sembler bizarre ? >>

<<Un peu, oui ! Je me demandais si je ne rêvais pas, un moment. >>

 

8

 

<< Nous avons un grave problème de santé avec ANNABELLE. Elle est infectée de boutons qui ne guérissent jamais. >>

<<Et c’est du à quoi ? >>

<<On ne sait pas trop. Ca lui est arrivé à 13 ans après ses règles. Nous avons eu peur que cela ne se reproduise avec ESTELLE ma seconde fille, mais il ne lui est rien arrivé, quel soulagement pour nous. On a vu des spécialistes et ils n’ont rien pu faire. Comme elle a faim, elle mange et elle grossit. Elle était comme sa sœur auparavant. >>

 

<< Mais pourquoi se promène-t-elle toute nue ? Je sais bien qu’il fait chaud, mais n’importe qui peut arriver chez vous. >>

<< C’est compliqué, vous savez ! Ces boutons sont très douloureux et elle ne supporte aucun vêtement, même l’hiver. Elle dort sur le ventre, c’est vous dire. >>

<<Oui, bien sûr ! Mais un voile des fois, c’est léger.>>

<< Même ! Le moindre frottement l’horripile. Le plus dur c’est lorsqu’elle va chez le spécialiste, à Lille. Dans l’ambulance, ça va ! Mais pour sortir, ils lui mettent un drap au-dessus d’elle et elle souffre terriblement. Avec l’ambulancier, mon mari a confectionné un petit tunnel comme pour les serres, qu’on adapte sur le brancard. C’est déjà plus séant pour elle. >>

<< Et que dit le spécialiste ? >>

<< Toujours pareil ! Il ne trouve rien qui ait pu causer cela. Il pense que ça passera avec l’age. Il lui donne des crèmes et des pommades ;  ça soulage parfois, mais le mal est toujours là. >>

Un moment pensif, Jean  demande :

<< Il a vraiment tout essayé, le spécialiste ? >>

 

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A suivre