CINDY

 

ou le SOUTERRAIN

 de CAUDRY

 

Fin Août. Comme chaque année, le dernier week-end de Août, c’est la fête de la Ste Barthélemy à Audencourt, lieu-dit de Caudry, mais aussi ancienne commune rattachée, avec sa place, son Église, ses rues et ses maisons.

Le samedi, c’est la brocante. Les rues s’emplissent de brocanteurs, de vide-greniers, etc … René TAUPIN, dit René la taupe par ses amis à cause de la sonnerie téléphonique, en profitait pour arpenter les lieux comme tant d’autres. Lui recherchait de vieilles cartes postales qu’il affectionnait par excellence. Il examinait tous les stands à la recherche de la petite carte que n’auraient pas vue ses amis collectionneurs passés avant lui. Il n’hésitait pas au hasard des rencontres de taper une discute avec le brocanteur.

Il arrive sur le stand d’une jeune femme qui en avait quelques-unes  perdues  parmi ses  autres babioles :  des verres, des carafes, des tasses, des

 

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assiettes, des capsules de champagnes, quelques pièces de monnaie de la fin du siècle passé, en plus des autres babioles qui encombraient sa table de trois mètres de long.

Il discute avec la jeune dame qui compte tenu de la chaleur qui règne traditionnellement ce week-end de fête, est vêtue légèrement : une casquette sur la tête, une robe légère sans manches, des dessous appropriés et des sandales aux pieds. Quand soudain, un tremblement se fait ressentir. Cindy de son prénom s’agrippe à ses verres et carafes qui s’entrechoquaient.

- Vous avez vu ! dit-elle

- Oui ! réponds-je. Tournant la tête et constatant que les autres brocanteurs en font autant.

Quelques secondes plus tard, une seconde secousse refait trembler la verroterie. Les gens, badauds et autres, se questionnent sans pouvoir donner de réponses.

La troisième secousse fut plus importante. De nombreux badauds commencent à courir et filent vers leurs véhicules stationnés aux entrées du village. Cette fois, ce fut plus grave. Le sol se mit à trembler et une crevasse s’ouvrit au pied de Cindy qui glissa en s’accrochant à la bordure du trottoir. René TAUPIN courut vers elle et l’agrippa à ses poignées. Malheureusement ce fut geste inutile. Une autre secousse les entraîna tous deux au fond de la crevasse qui se referma sur eux. Par on ne sait quelle chance, ils finirent sur un tas de gravats et terre sans que le sous-sol les recouvrît.

 

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Dans la nuit noire, René appela :

- Mademoiselle, vous êtes là ?

- Oui, je suis là ! Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

- Je ne sais pas. Vous êtes blessée ?

- Non, je ne crois pas ! Juste quelques douleurs par-ci, par-là.

- J’arrive à me redresser, pouvez-vous venir vers moi ?

- Je vais essayer.

Une lueur éclaira la zone. Cindy qui avait son téléphone portable dans une poche l’allumait.

- Vous voyez, il n’y a rien au-dessus de nous.

- Dépêchez-vous quand même de me rejoindre.

En rampant, Cindy rejoint René. Elle se jette dans ses bras aussitôt debout en larmoyant.

- Mais qu’est-ce qu’il s’est passé ? demande-t-elle de nouveau

 

Au-dessus d’eux, c’est l’apocalypse ; ou du moins ça y ressemble. Tous les stands se trouvent à même le sol, la vaisselle éclatée en morceau. La rue n’est pas mieux, le macadam s’est soulevé dû à la crevasse et formait des plaques par-ci, par-là. Il ne restait rien du stand de Cindy, un amas de détritus.

La crevasse s’étendait de part et d’autre de cet endroit, sur la droite en direction de la nationale, elle traversait une cour de ferme où  les bâtiments se sont  effondrés  et également  vers la gauche, elle traversait la route en

 

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direction d’une autre ferme et là aussi, traversant la cour et des bâtiments ; heureusement là, les vaches se trouvent dans les pâtures. La route est déglinguée sur une vingtaine de mètres de part et d’autre du carrefour. On entend au loin les sirènes des pompiers et des gendarmes.

 

- Suite aux secousses, une crevasse s’est formée et nous a engloutis. Vous devriez éteindre votre portable, il faut économiser la batterie. De toute manière nous n’avons pas de réseau. Il doit y avoir une importante couche de terre au-dessus de nous, plus le macadam, les ondes ne passent pas.

- Qu’est-ce qu’on va faire ? demande-t-elle en larmoyant

- On doit se trouver dans un souterrain. Il y en avait partout avant, et il doit correspondre à l’Église. En allant par-là, on devrait y trouver l’entrée.

Allez, courage ! Il y a une cinquantaine de mètres, on va suivre le mur. Accrochez-vous à moi. D’une main, je suis le mur et l’autre, je la place devant pour ne pas buter sur un obstacle.

Marchant en tâtonnant et en surveillant avec ses pieds devant lui, René TAUPIN et Cindy arrivent finalement à un mur.

- Zut !!!

- Qu’est-ce qu’il y a ?

- Il y a un mur ! On dirait des grès. J’allume mon portable.

 

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- C’est bien ça ! Regardez ce n’est plus les mêmes briques que le souterrain.

Bon, il n’y a toujours pas de réseau.

- On va mourir comme des rats !

- Pas d’affolement, ça ne sert à rien. Par contre, il n’y a pas de rats ou de souris ici, encore moins d’araignées.

- Oh ! Vous me faites peur.

- Ce qui risque de nous arriver, c’est que l’on meurt de faim ou de déshydratation, car il n’y a pas d’eau non plus et d’asphyxie. Quoique, pour le moment on respire bien.

- On ne peut pas abattre le mur ?

- Je ne crois pas. Ce sont des grès, collés entre eux par une espèce de ciment ou glaise. Et derrière il peut tout y avoir : de la terre, des gravats, des pierres, des meubles, des branches, etc … Et au bout s’il s’agit d’un escalier, ça doit encore être barricadé. Il faudrait demander à l’Abbé DUTHOIT, il doit le savoir.

- Et comment on fait pour le lui demander !

- C’est une expression. L’Abbé est mort depuis longtemps. C’était un historien qui a écrit l’histoire d’Audencourt.

- Oh, là, là ! Et elle se met de nouveau à sangloter à chaudes larmes avec des tremblements partout. Elle frise la crise de nerfs et ce n’est pas le moment.

Pour la calmer un peu, pour l’instant et pour la suite, il lui propose :

- Écoute ! J’ai une idée pour se remettre de nos émotions et passer le temps.

 

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à suivre