N°2

 

HECTOR MELON D’AUBIER

 

 

NOUVELLES

L’ENFANT TROUVE

L’AUTRE, dans…

 

 

 

 

 

 

RECUEIL de NOUVELLES

 

L’ENFANT TROUVE

L’AUTRE, dans la maison d’à coté

UNE VIE EN BLEU

MORT SUSPECTE

BIN MI, EUCH’SE PAS, HIN!

MORT DE LA PETITE SOURIS

LE SAFARI

LA VACHE QUI RIT

TOUS LES CHATS SONT GRIS

LA BALANCOIRE

L’HOMME

 

Par

HECTOR MELON D’AUBIER

 

 

 

 

LA BALANCOIRE

 

 

 

 

 

 

 

 

HECTOR MELON D'AUBIER

 

 

 

 

 

 

LA BALANCOIRE

 

Une petite maison du siècle dernier, construite avant 1948, comme indiqué sur l'acte de vente. Sur le sien, cette indication ne doit pas être porté. Elle n'a pas été vendue depuis plus de 82 ans. Gustave DELATTRE y est né. Il en a hérité à la mort de ses parents. Une partie en 1943 à la mort de son père, fusillé par les allemands. Puis à la mort de sa mère en 1957.

Il s'est marié après la guerre en 1948. Trois enfants sont nés de cette union.

Il avait entrepris après la naissance de son aîné la construction d'une balançoire. Bien située en milieu de cour. On ne parlait pas encore de pelouse, à l'époque. Des fenêtres de la cuisine et de la grande salle ( salle à manger à notre époque) on pouvait surveiller les enfants qui s'y balançaient.

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Il l'avait conçue pour trois enfants au départ. Il n'en eut que trois au final.

Il prenait plaisir à les entendre s'égayer, de crier entre eux, d'écouter le grincement ou le couinement de la balançoire ( coui, coui ) lorsqu'il se trouvait au jardin, l'après-midi ou le matin, entre ses postes à l'usine.

Il n'avait pas connu ça, lui. Le plaisir de jouer. Il avait commencé à travailler très tôt. A onze ans, déjà à l'usine, puis au champ avec son père, puis au jardin. Pas de frères et de sœurs, pas de copains.

Il y eut la guerre qui lui a permis de s'évader de cette vie, qu'il s'était jurer de ne pas faire connaître à ses enfants.

Les années passèrent. Le couinement de la balançoire s'estompa lui aussi, avec le grandissement des enfants. Coui, coui, c'était lui lorsqu'il se rendait au jardin. Il ne pouvait s'empêcher de les pousser les une après les autres. Et, ça recommençait au retour. Une habitude, peut-être !

Les enfants se marièrent. Quel bonheur et quelle joie de recevoir

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les mercredis et les jours de vacances les petits enfants. Chacun d'eux d'âges différents, quelques petits copains du quartier et cette ribambelle de gamins refaisait frémir son cœur à chaque coui, coui.

Tous les ans, il la repeignait, il changeait les cordes et les sièges. C'etait son seul bonheur.

Le malheur frappa de nouveau chez lui. Son épouse décéda des suites d'une longue maladie. Déjà les petits enfants ne venaient plus comme avant. Il ne fallait pas fatiguer Mamy. Et ils grandissaient aussi. Ils avaient d'autres jeux et d'autres plaisirs.

A chaque mariage, il souhaitait à chacun ou chacune d'avoir des enfants le plus tôt possible et de ne pas hésiter à les laisser chez lui en pension.

Il ne se rendait pas compte qu'il vieillissait et que ses petits et arrières petits enfants préféraient d'autres jeux comme les Sega ou les Nintendo, puis les ordinateurs. L'éloignement des uns et des autres pour leur travail fit qu'il se trouva bien seul.

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A suivre